Automobile : tout pour les constructeurs, rien ou presque pour les autres acteurs

Communiqué de Guillaume BACHELAY
Secrétaire national du Partis Socialiste à la politique industrielle, aux entreprises et aux nouvelles technologies

L'automobile subit de plein fouet la crise : des sous-traitants licencient ou ferment ; des salariés sont mis au chômage partiel, incités au départ ou licenciés ; les collectivités territoriales doivent répondre à l'impact social et financier de la tourmente qui frappe le secteur.
Depuis plusieurs mois, syndicats, chefs d'entreprise, élus locaux tirent la sonnette d'alarme. Un temps précieux a été gaspillé par le gouvernement qui privilégie les seules exigences de Renault et de PSA, mais oublie les autres acteurs de la filière : il est particulièrement choquant que l'augmentation du fond d'aide aux sous-traitants représente moins de 5 % de l'enveloppe totale.
Parce qu'elles reposent sur une analyse partiale de la crise, les annonces du président de la République auront hélas des résultats partiels.

Comme pour les banques, des milliards d'euros sont prêtés à de grands groupes sans réelles contreparties - et même avec des avantages supplémentaires comme la suppression de la taxe professionnelle décidée sans concertation avec les collectivités.
Ce soutien aux constructeurs, nécessaire pour faire face au manque de liquidités et pour enfin préparer l'avenir, fait en réalité une double impasse : il ne répond en rien à l'urgence qui frappe la filière dans son ensemble (constructeurs, mais aussi équipementiers, fournisseurs, distributeurs et leurs salariés) ; il n'engage pas la réorientation de l'industrie automobile vers le développement durable.
Nous demandons une véritable stratégie pour l'automobile. Le gouvernement persiste à ignorer les propositions que le Parti socialiste a présentées le 26 janvier dernier, dont certaines sont pourtant urgentes :

  • pour les salariés : l'indemnisation du chômage partiel doit être augmentée de 50 % à 80 % du salaire et rendue accessible aux salariés à temps partiel ; les périodes de non activité doivent être mises à profit pour favoriser la formation individuelle, qualifiante et rémunérée ; l'amélioration des conditions de travail, la réduction de la pénibilité et la limitation du recours aux contrats précaires doivent être imposées en contrepartie du soutien de l'Etat.
  • pour les PME : les constructeurs qui bénéficient de l'aide publique doivent s'engager à réduire leurs délais de paiement et à stabiliser en les pérennisant leurs volumes de commandes. Ils doivent aussi s'engager sur l'activité de leurs fournisseurs exclusifs.
  • pour les consommateurs : la transparence doit enfin devenir la règle. Chaque consommateur doit pouvoir être informé, pour tout véhicule en vente, de la performance environnementale, de la localisation de la production et de l'origine, s'il y en a, des aides publiques.
  • pour l'innovation et le développement durable : en contrepartie de l'aide de l'Etat, les grands groupes doivent s'engager à maintenir leur effort de recherche et à le réorienter massivement vers la fabrication des voitures propres, conçues et produites sur des sites industriels français ou européens.
  • pour une répartition plus juste de la richesse : plutôt que de se contenter de promesses verbales, l'Etat doit limiter par la loi les bonus des dirigeants et les dividendes des actionnaires.

Une fois de plus, le gouvernement SARKOZY-FILLON distribue les deniers publics aux grands groupes sans donner la priorité aux PME et aux salariés. Les aides publiques aux constructeurs sont massives, les contreparties qui leur sont fixées sont évasives. Ces milliards auront un coût pour le contribuable : le Parti socialiste demande que cet argent soit distribué de manière efficace et utile, d'abord à ceux qui en ont le plus besoin.