Notre contribution au Programme alimentaire mondial (PAM) est une misère (32 millions d'euros). Soutenir les ONG, les scientifiques, mieux se coordonner, notamment avec les Européens; encourager des réformes structurelles... Oui, mais pourquoi ne l'avons-nous pas déjà fait alors que nous sommes nombreux à l'avoir proposé ?
Nous avons déjà des mécanismes de coordination entre les aides, entre les ONG, entre ONG et scientifiques; ces mécanismes sont efficaces et ne coûtent pas cher, alors pourquoi le ministère des Affaires étrangères et européennes arrête-t-il de les appuyer justement en 2008, année de la présidence française de l'Union européenne ? Pourquoi l'investissement agricole est-il si faible depuis vingt ans (il est passé de 20 % de l'Aide publique au développement à 5 %) alors que nos efforts doivent porter là ? Pourquoi les prix agricoles sont-ils si instables : nous avons garanti notre agriculture et nos agriculteurs avec quarante ans de PAC et nous ne serions pas capables de recommander une politique de même nature en Afrique ? Pourquoi notre aide publique au développement est-elle en régression (0,4 % du PIB), pourquoi seulement 2 % de cette aide passe-t-elle par les ONG, contre 10, 20 ou 40 % dans d'autres pays européens ? Pourquoi les visites significatives de nos ministres en Afrique sont-elles orientées vers le Gabon ou le Congo, petits pays sous-peuplés disposant d'une rente pétrolière que leurs dirigeants gaspillent ? Madame et messieurs les ministres et secrétaires d'Etat, s'il vous plaît, mettez un peu cohérence entre vos paroles et vos actes.
MARC BIED-CHARRETON professeur émérite des universités,
président du Comité scientifique français sur la désertification.
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