Plan de relance : Sarkozy préfère le gris au vert

Le plan de relance présenté par N. Sarkozy le 4 décembre 2008 et détaillé par F. Fillon le 2 février est peu novateur en terme de réorientation de l'économie. Très traditionnel, les mesures annoncées sont très majoritairement orientées sur l'existant : peu de chose sur l'environnement et sur la réduction des consommations d'énergie, alors que ces thèmes font partie des promesses du Grenelle de l'environnement.

Un reniement du Grenelle

De ce point de vue, les engagements prévus dans la loi d'orientation Grenelle 1 sont en contradiction avec de nombreuses mesures annoncées dans le plan de relance de la droite. Comme l'on dit plusieurs observateurs, le New Deal Ecologique voulu par Sarkozy, et annoncé en grande pompes fin 2007 est absolument introuvable dans les propositions de ce début d'année. Sarkozy se révèle enfin avec ce plan de relance : le Grenelle n'est que poudre aux yeux.

Des mesures qui privilégient l'existant

  • pas de financements significatifs pour les transports en commun urbains (par exemple, des projets de tramway ont été oubliés...)
  • pas de plan d'ensemble de réhabilitation du logement social. C'est pourtant 3,5 millions de personnes qui sont non logées ou mal logées en France.
  • Pas de chiffres sur la création d'emplois dits « verts » (le PS en propose 100 000)
  • 3 nouvelles autoroutes prévues : A63 Bordeaux-Espagne, A150 Rouen-Le Havre et A355 (Strasbourg). Le Grenelle avait abouti au gel de ces 3 projets. Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, les transports collectifs créent deux fois plus d'emplois, à dépense égale, que le transport routier. Dans le plan Sarkozy, les budgets prévus pour les infrastructures routières sont 2 fois plus élevés que ceux prévus pour les transports collectifs...

  • les énergies renouvelables mises au second plan. EDF financera les projets d'ER à hauteur de 300 millions d'euros, soit un huitième de l'enveloppe globale des 2,5 milliards d'euros de financements supplémentaires consentis par l'entreprise. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, Barack Obama a décidé de consacrer 90 milliards de dollars sur deux ans aux énergies renouvelables, qui devraient permettre de créer quelque 460.000 emplois sur la même période....
  • Le projet EPR en Seine Maritime est en totale contradiction avec la philosophie du Grenelle. Sur la méthode, Sarkozy ignore le débat démocratique. La programmation pluriannuelle des investissements de production électrique (PPI) n'avait pas encore officialiser ce 2ème réacteur. Sur le fond, rien ne justifie la précipitation vers l'EPR : les améliorations proposées pour prolonger les centrales actuelles permettront de passer le cap des 2030-2040, cap durant lequel nous pourrons bénéficier de réacteurs de 4ème génération, performants que l'EPR, surtout en terme de déchets. La prolongation des premières tranches de centrales, soumises à l'autorité de l'ASN, devrait débuter pour 2018 pour les centrales les plus anciennes. Il y a donc plusieurs raisons pour opter en faveur de la prolongation plutôt que pour le remplacement par l'EPR, en attendant la 4ème génération. Enfin, cette précipitation élude totalement les principes d'optimisation de la consommation électrique, de réduction de pic de consommation, et ignore la nécessité du mix énergétiques.
Des projets concentrés géographiquement : les cartes de France des projets du plan Sarkozy le montrent bien : de vastes pans du territoire sont ignorés, que ce soit en matière d'investissement verts, ou pour d'autres type d'investissements. Or, par exemple, les énergies renouvelables sont un bon moyen de répartir des emplois durables sur tout le territoire.